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Helen Lee

Diagnostic kits for developing countries

Catégorie
Petites et moyennes entreprises
Domaine technique
Technologie médicale
Société
Diagnostics for the Real World Ltd
La chercheuse Helen Lee, de l’université de Cambridge, a développé un kit de diagnostic rapide par analyse de sang pour aider les régions du monde les plus démunies à dépister sur place des maladies infectieuses telles que le VIH, l’hépatite B et la chlamydia. Ces kits permettent de détecter et de mieux traiter, grâce à leurs résultats rapides et faciles à lire, les maladies qui provoquent le plus de décès dans le monde.

Lauréate du Prix de l’inventeur européen 2016 dans la catégorie Prix du public

Utilisées sur le terrain dès 2011, ces méthodes de diagnostic très fiables, développées par la chercheuse Helen Lee, facilitent à un niveau sans précédent la gestion des maladies infectieuses en Afrique sub-saharienne et dans d’autres régions en développement. Les résultats sont prêts en quelques minutes, comme pour des analyses de plasma sanguin, sans avoir recours à l’expertise d’un spécialiste ni à une infrastructure clinique. En contrôlant la charge virale présente dans le sang, le kit permet également de voir si le traitement médical est efficace. Helen Lee a fait cette découverte alors qu’elle cherchait une méthode pour avoir des résultats visibles à l’œil nu, sans recourir à des microscopes coûteux ni à des techniques de visualisation. Ce test consiste simplement à mélanger les échantillons sanguins comme dans les tests d’amplification de l’acide nucléique, à l'aide d'une combinaison d’agents chimiques placés dans une cartouche jetable, qui changent de couleur lorsque les échantillons de plasma sanguin contiennent l'ARN viral. Contrairement aux autres tests, les cartouches ne nécessitent pas un stockage ou un transport frigorifique, ce qui les rend parfaitement adaptées aux conditions climatiques africaines. Les kits peuvent être stockés à des températures allant jusqu’à 37° C pendant neuf mois.

Bénéfices pour la société

Alors que la propagation du VIH est en grande partie maîtrisée dans les pays développés, la maladie continue de proliférer dans certaines régions telles que l’Afrique sub-saharienne, où près de 25 millions de personnes vivent actuellement avec le virus, ce qui représente 70% des personnes contaminées dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Diagnostic et traitement sont les clés permettant d’arrêter la pandémie, mais le manque d’infrastructure clinique continue de freiner les progrès scientifiques.

L’invention de Helen Lee est peu coûteuse et les résultats sont précis. Elle résout en outre trois problèmes fondamentaux de la propagation des maladies infectieuses dans les régions les plus défavorisées. Tout d’abord, les tests donnent des résultats sans nécessiter de réfrigération, de personnel formé ou d’équipement élaboré. Ils s’adaptent donc parfaitement aux installations de dépistage et de traitement implantées dans les pays en développement. Ensuite, les résultats quasi-instantanés du test permettent d’éviter aux patients de partir sans diagnostic, ce qui représente entre 30 et 70% des patients. Enfin, les tests mesurent la charge virale présente dans le sang du patient, une étape cruciale pour déterminer le dosage des médicaments qui constitueront le traitement.

Avantages économiques

Commercialisés par la startup de Helen Lee, Diagnostics for the Real World Ltd (DRW), sous le nom de SAMBA (Simple Amplification Based Assay), les tests sont utilisés pour le dépistage du VIH auprès de 40 000 personnes au Malawi, en Ouganda et dans un nombre croissant d’autres régions, en coopération avec Médecins sans frontières, notamment. Un appareil SAMBA peut analyser jusqu’à quatre échantillons en même temps et chaque test coûte 15 euros (17 dollars). Il fonctionne à l’électricité et ses batteries ont une autonomie de huit heures en cas de panne de courant. Le suivi thérapeutique du test SAMBA contre le VIH a récemment reçu l’agrément CE pour l’utilisation sur les territoires européens.

Diagnostics for the Real World (DRW), basée à Sunnyvale, en Californie, et à Cambridge, au Royaume-Uni, en tant qu’unité universitaire à but non lucratif de l’université de Cambridge, a réussi à rassembler, à ce jour, près de 60 millions d’euros (65 millions de dollars) de subventions destinées à la recherche et la santé de la part d’organisations telles que l’UNITAID, le NIH et le Wellcome Trust. DRW fonctionne avec un plafond de 15% sur les profits afin de développer des méthodes de diagnostic sur place (« point-of-care ») pour les régions les plus démunies. Ces méthodes de diagnostic sur place représentent un marché en pleine croissance, estimé à 12,7 milliards d’euros (14,1 milliards de dollars) en 2013, et qui devrait augmenter à un taux de croissance annuel composé de 9,7% pour atteindre 28,7 milliards d’euros (32,7 milliards de dollars) en 2022.

Comment ça marche ?

Le test SAMBA consiste à prélever un échantillon de sang sur un patient puis de le placer dans la machine pour y insérer une bandelette, similaire à un test de grossesse, recouverte d'agents chimiques appelés acides nucléiques. Ces agents ne nécessitent pas de réfrigération et amplifient l'ARN viral d'un échantillon sanguin jusqu'à générer un changement visible de couleur à certains endroits de la bandelette : deux traits rouges sur la bandelette indique un échantillon positif, un trait rouge un échantillon négatif et aucun trait un test non valide. 

En détectant le virus directement, et non la présence d'anticorps dans le sang, le test SAMBA facilite également le dépistage du VIH chez les nouveau-nés jusqu'à l'âge de 18 mois. Cela représente un avantage considérable puisqu'à cet âge les enfants n'ont pas encore d'anticorps permettant de lutter contre les maladies et ils ont peu de chance de survivre jusqu'à leur deuxième anniversaire sans traitement. La plateforme SAMBA est actuellement élargie afin de dépister les grippes A et B ainsi que la chlamydia et la blennorragie. SAMBA II offre un dépistage encore plus rapide et flexible et fait actuellement l'objet d'essais cliniques.

Inventeur

Helen Lee est née en Chine et a obtenu un passeport français en se mariant. Elle a débuté sa carrière dans le diagnostic au Centre National de Transfusion Sanguine de Paris. Après un passage remarqué chez Abbott Laboratories au poste de directeur général du département diagnostic où elle gérait une centaine de personnes et un budget annuel d'environ 17 millions d'euros (20 millions de dollars), elle se retire du monde de l'entreprise dans les années 1990 pour se consacrer à la recherche.

En 1996, elle débute ses travaux sur les technologies et les méthodes de diagnostic pour les régions les plus pauvres à la tête de l'unité de développement des diagnostics (DDU) de l'université de Cambridge. Cette unité a déposé 12 demandes de familles de brevet et a obtenu près de 20 brevets nationaux.

Ses travaux ont été récompensés par le prix Lord Lloyd of Kilgerran (2005), l'European Women of Achievement Award (2006), le British Female Inventor in Industry Award (2006) et l'Asian Women of Achievement Award (2007). Helen Lee est une fervente amatrice de football et supporte les Gunners d'Arsenal. Elle aime également la cuisine et la peinture chinoise.

Le saviez-vous ?

Même si les outils de diagnostic peuvent entraîner un changement de paradigme dans la lutte contre les pandémies telles que le VIH, leur potentiel commercial est assez limité par rapport à celui des médicaments thérapeutiques. Le marché mondial des kits de diagnostic rapide, y compris les inventions de Helen Lee, a été estimé à 18,5 milliards d'euros (20,4 milliards de dollars) en 2015 (selon ResearchandMarkets). Cette même année, Pfizer, le leader mondial des produits pharmaceutiques, a annoncé un chiffre d'affaires de 43,1 milliards  d'euros (47,4 milliards de dollars).

Helen Lee aurait donc pu emprunter une voie plus lucrative sur le marché mondial des produits pharmaceutiques, qui affiche un chiffre d'affaires annuel de 959,43 milliards d'euros (1 057,2 milliards de dollars) selon Statista. La chercheuse, au contraire, continue ses recherches pour aider les patients dans les régions les plus pauvres. Elle a déclaré dans une interview : « Si on se contente de développer des prototypes de test ou de publier des articles, on faillit à sa mission ».

 

Inventors revisited

En 2020, l'OEB a repris contact avec d'anciens finalistes et lauréats pour connaître leurs points de vue sur les tendances de l'innovation et de la propriété intellectuelle : un regard unique sur la recherche et les inventions nouvelles à la pointe de la technologie.

Helen Lee inserting a dipstick into the machine
Un test qui change le monde

Helen Lee s'était fixé une tâche qui pouvait paraître impossible : développer un kit de diagnostic médical facile à utiliser, opérationnel dans des conditions extrêmes et donnant des résultats précis et rapides. Le test SAMBA II d'Helen a été mis en place dans plusieurs régions en développement, dans le cadre de programmes de détection de la transmission du VIH de la mère à l'enfant.

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Talk innovation 

Helen Lee a arrêté sa carrière dans l'industrie pour travailler sur une invention qui marquera un tournant dans le traitement des virus tels que le VIH. Son système est désormais utilisé dans plusieurs régions en développement et s'inscrit dans les programmes de détection de la transmission du VIH entre la mère et l'enfant. En 2020, Helen et son équipe ont mis au point un test de dépistage du SARS-CoV-2, donnant aux professionnels de la santé une arme majeure pour lutter contre la propagation de la Covid-19.

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