Jeremy Moon
Lorsque l'artiste Jeremy Moon (*1934, Altrincham, GB, †1973 Londres, GB) fut arraché à la vie en 1973, la couleur était devenu l'unique objet de ses tableaux. Il était un représentant du color field painting, un courant qui rejette la vision traditionnelle selon laquelle l'image doit être figurative et la toile n'est qu'un support pour la couleur. Il évite consciencieusement de laisser des indices de l'individualité de l'artiste et de la genèse de l'œuvre, comme la touche du peintre. La tension immanente à la composition tient exclusivement à l'utilisation de certaines combinaisons de couleur. Moon fait ainsi partie d'un courant né dans les années 1940-1950 aux Etats-Unis avant de gagner l'Europe. Dans le sillage de Barnett Newman (*1905 New York, USA †1970 ibid.), d'autres comme Yves Klein (*1928 Nice, FR, †1962 Paris, FR) ou Gerhard Richter (*1932 Dresde, DE) se sont également intéressés à la couleur comme unique objet du tableau. Dans son travail daté de 1965, Moon utilise deux couleurs complémentaires atténuées. Le rouge et le vert purs auraient fait disparaître le tableau du mur, les deux couleurs se seraient annulées mutuellement. En additionnant ces couleurs de jaune et de blanc respectivement, il obtient un orange qui renforce le rayonnement du vert. Les trois pointes entourent le vert comme des rayons, à la manière d'une étoile qui se met à luire. L'impression est encore renforcée par la tridimensionnalité des shaped canvasses (toiles aux formes géométriques spécifiques) qui donnent sa forme à l'image.
No 1/65, 1965
Acrylique sur toile
195,5 x 170 cm
© Photo courtesy of Estate of Jeremy Moon