Les inventrices à l'honneur
Qu'ont en commun la réplication de l'ADN, les bioplastiques, le béton renforcé et le streaming vidéo ? Tous ces domaines ont progressé grâce à la contribution d'inventrices remarquables. À l'occasion de la Journée internationale des femmes, l'OEB salue ces pionnières dont les inventions révolutionnaires protègent notre santé, créent de l'emploi, stimulent l'économie et permettent de repousser les frontières de l'innovation. Depuis 2006, bon nombre de ces femmes de talent ont été mises à l'honneur à travers le Prix de l'inventeur européen décerné par l'Office.
Margarita Salas (2019, lauréate dans les catégories Œuvre d'une vie et Prix du public)
Margarita Salas a suscité l'admiration de la communauté scientifique en inventant une méthode rapide, fiable et précise de reproduire de l'ADN, rendant ainsi possibles des examens génomiques complets. Sa contribution aux sciences va toutefois bien au-delà de cette invention, aujourd'hui largement utilisée dans les domaines de l'oncologie, de la médecine légale et de l'archéologie. Fondatrice du premier groupe de recherche dans le domaine de la génétique moléculaire en Espagne, Margarita Salas a su, en dépit des contraintes financières et des préjugés sexistes, développer son équipe pour créer un centre de recherche public très rentable, à la renommée mondiale. Elle a également suscité des vocations scientifiques chez plusieurs générations de jeunes femmes : "Lorsque j'ai commencé ma thèse en 1961, il n'y avait pratiquement aucune femme dans la recherche en Espagne. Aujourd'hui, nos laboratoires comptent davantage de femmes que d'hommes parmi les doctorants."
Margarita Salas nous a quittés fin 2019, mais laisse derrière elle un héritage précieux, qui nous rappelle à quel point une seule personne peut rendre le monde meilleur.
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Catia Bastioli (2007, lauréate dans la catégorie PME/Recherche)
Le changement climatique est à la fois l'un des plus grands défis d'aujourd'hui et l'un des plus difficiles à relever, tant les préoccupations dans ce domaine se heurtent souvent à des considérations économiques. Or, l'invention développée par Catia Bastioli et son équipe, un bioplastique composé de substances agricoles, permet de concilier impératifs économiques et respect de l'environnement. Ce matériau, qui peut être transformé comme n'importe quel plastique classique, se décompose en quelque semaines lorsqu'il est placé dans un tas de compost. Convaincue du potentiel des matériaux biodégradables développés par son équipe, Catia Bastioli a fondé l'entreprise Novamont, qui s'est imposée depuis comme un leader mondial des produits bioplastiques. Dans son rôle de PDG, Catia Bastioli est aujourd'hui à la tête de près de 600 collaborateurs travaillant partout dans le monde. En 2018, Novamont a enregistré un chiffre d'affaires de 238 millions d'euros, illustrant le rôle moteur que les produits durables peuvent jouer dans l'économie.
Reconnue pour ses connaissances scientifiques et son sens du leadership, Catia Bastioli a par ailleurs su se hisser à la tête de la société Terna Spa, de l'association Kyoto Club et du cluster technologique italien de chimie verte SPRING. Elle a également été membre du conseil d'administration de la Fondation Cariplo.
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Ann Lambrechts (2011, lauréate dans la catégorie Industrie)
Par le passé, les limites physiques du béton bridaient bien souvent la créativité des architectes. En effet, pour renforcer la résistance de ce matériau, la principale solution a longtemps consisté à recourir à des armatures prenant la forme de grilles ou de cages d'acier. Bien qu'efficaces, ces armatures présentent plusieurs inconvénients : leur construction est coûteuse et requiert beaucoup de main d'œuvre, et leur conception constitue un obstacle lorsqu'il s'agit de couler le béton dans des formes dynamiques. Heureusement, Ann Lambrechts a depuis révolutionné le secteur de la construction avec son invention, des fibres d'acier destinées à renforcer le béton. Mélangées au béton frais, ces fibres, dont la forme rappelle celle d'une épingle, forment un maillage tridimensionnel qui améliore considérablement la résistance à la traction du matériau, et permettent ainsi de créer des structures qui auraient été inenvisageables avec des armatures de type cage.
L'invention d'Ann Lambrechts a notamment été employée lors de la construction du tunnel de base du Saint-Gothard, le plus long tunnel ferroviaire au monde, et de celle du tunnel sous la Manche, qui relie Londres au continent européen.
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Marta Karczewicz (2019, finaliste dans la catégorie Œuvre d'une vie)
Si vous regardez des films en streaming via des services tels que Netflix ou que vous utilisez des appareils mobiles pour visionner des vidéos, vous pouvez remercier Marta Karczewicz. Véritable génie des mathématiques, cette Polonaise figure en qualité d'inventeur sur quelque 130 brevets. Au cours des vingt dernières années, elle s'est consacrée au développement de technologies qui permettent de réduire le volume des fichiers vidéo par 1 000, sans dégradation perceptible de la qualité d'image. Les utilisateurs du monde entier peuvent ainsi regarder des vidéos en streaming avec une connexion Internet standard. Chaque fois qu'une vidéo est diffusée par un service de streaming en ligne, ou en haute définition à la télévision, celle-ci a probablement été encodée à l'aide de la norme vidéo AVC (Advanced Video Coding) à laquelle Marta Karczewicz a contribué.
Marta Karczewicz n'est pas seulement une inventrice d'envergure internationale : c'est aussi un leader dynamique. Vice-présidente Technologie chez Qualcomm, elle y dirige l'équipe de recherche et développement multimédia.
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Les inventrices présentées ci-dessus ne représentent qu'une fraction des femmes que le Prix de l'inventeur européen a mises à l'honneur en tant que finalistes ou lauréates. L'édition 2020 sera l'occasion pour l'OEB d'ajouter de nouveaux noms à cette liste impressionnante.