Cœur artificiel CARMAT : le Français Alain Carpentier finaliste du Prix de l’inventeur européen 2016
- Le cardiologue et inventeur français nommé dans la catégorie « Œuvre d'une vie » du Prix de l'Office européen des brevets (OEB)
- Son cœur CARMAT est le premier cœur artificiel entièrement implantable, biocompatible et auto-régulé
- Conçu pour durer, il pourrait constituer une solution au manque chronique de donneurs d'organes
- BenoîtBattistelli, Président de l'OEB: «L'invention d'Alain Carpentier pourrait améliorer la vie de milliers de patients cardiaques à travers le monde.»
Munich, 26 avril 2016 - Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité humaine. Dans le monde, quelque 100 000 personnes sont en attente d'une transplantation cardiaque pour seulement 4000 donneurs disponibles. Cet écart a poussé les chercheurs à développer des prothèses cardiaques, mais qui n'ont apporté jusqu'ici que des solutions provisoires destinées à maintenir le patient en vie dans l'attente d'un cœur adapté. Pour venir à bout de ce problème, le chirurgien Alain Carpentier (82 ans) a développé le cœur CARMAT : une pompe mécanique entièrement implantable, qui « bat » comme un cœur normal et qui est faite pour durer.
Pour cette réussite remarquable, l'Office européen des brevets (OEB) a nommé Alain Carpentier parmi les trois finalistes de la catégorie « Œuvre d'une vie » du Prix de l'inventeur européen 2016. Les lauréats de la 11ème édition de ce prix décerné chaque année par l'OEB seront annoncés lors d'une cérémonie à Lisbonne le 9 juin prochain.
« Avec l'invention d'Alain Carpentier, la technologie moderne se rapproche de plus en plus d'un remplacement permanent d'un cœur dysfonctionnel », a déclaré le Président de l'OEB, Benoît Battistelli. « Le cœur CARMAT est une immense avancée dans le domaine de la technologie médicale et pourrait améliorer la vie de milliers de patients cardiaques à travers le monde », a-t-il ajouté.
Un cœur auto-régulé et biocompatible
L'innovation d'Alain Carpentier offre de nombreux avantages : en plus d'avoir une durée de vie supérieure à celle des autres appareils similaires, le CARMAT est également auto-régulé. En effet, il ajuste le volume de sang pompé en fonction du niveau d'activité du corps, mesuré grâce à de petits capteurs électroniques. De plus, il se distingue par sa biocompatibilité : comprenant des tissus animaux chimiquement traités, il écarte le risque de formation de caillots sanguins ou de rejection par le système immunitaire, deux problèmes récurrents lors des transplantations cardiaques. Alain Carpentier a bâti son invention sur l'énorme succès des valves artificielles qu'il avait déjà mises au point, et qui ont été utilisées pour 250 000 patients à travers le monde.
Alain Carpentier : chirurgien et scientifique
Le cœur CARMAT apparaît en effet comme le point d'orgue de l'une des plus belles carrières de l'histoire de la cardiologie. Après avoir obtenu son doctorat en médecine à Paris en 1966, Alain Carpentier est devenu l'un des pionniers des nouvelles méthodes de réparation de valves cardiaques défaillantes, ce qui lui vaut aujourd'hui au sein du milieu médical le statut de père de la chirurgie réparatrice des valves. Rien qu'aux Etats-Unis, les trois quarts des 50 000 patients qui subissent chaque année une opération de chirurgie à cœur ouvert pour des problèmes de valves sont traités à l'aide de techniques développées par Alain Carpentier. En mettant l'accent sur la réparation plutôt que sur le remplacement des cœurs défaillants, le cardiologue français - qui est par ailleurs à l'origine de plus d'une vingtaine de demandes de brevet - a véritablement révolutionné son secteur, qui pèse actuellement plus de 1,5 milliard d'euros par an, selon les estimations.
Au début de sa carrière de chirurgien à l'hôpital Broussais, Alain Carpentier a perdu un patient suite à une crise cardiaque causée par un caillot sanguin qui s'était formé sur une valve en plastique qu'il avait implantée. Décidé à empêcher qu'une telle tragédie ne se reproduise, il a cherché des matériaux qui seraient moins susceptibles de générer une thromboembolie, c'est-à-dire une obstruction d'un vaisseau par un caillot sanguin. Grâce à un second doctorat en chimie obtenu en 1975, il a pu trouver le moyen d'incorporer des tissus animaux dans des prothèses pour éviter les réactions immunitaires après implantation. Ce dispositif - nommé « valve Carpentier-Edwards », d'après le nom du premier inventeur de la valve artificielle, l'Américain Miles ‘Lowell' Edwards -, est devenu la première valve artificielle utilisé cliniquement à grande échelle dans le monde.
CARMAT : le fruit d'un rêve
Ce n'est qu'en 1993 qu'Alain Carpentier a pu commencer à réaliser un rêve de longue date: mettre au point un cœur artificiel durable qui fonctionnerait aussi bien qu'un cœur « réel ». Son laboratoire de recherche disposait de toutes les connaissances nécessaires en matière de composants biochimiques mais avait besoin d'un partenaire industriel pour la mise au point du système électronique. Il choisit comme partenaire Matra, un groupe spécialisé dans la conception de satellites et de missiles qui fusionna par la suite avec d'autres entreprises aérospatiales pour former EADS (aujourd'hui Airbus Group). Issue de ce partenariat avec Matra/EADS, la société CARMAT fut créée par Alain Carpentier en 2008 afin de commercialiser l'appareil high-tech développé après des années de recherche. Une première opération fut pratiquée sur un patient de 75 ans en 2013 : le patient survécut 74 jours, soit deux fois la durée requise pour poursuivre les essais cliniques.
« Le cœur n'est qu'une pompe »
Claude Bernard, scientifique français du XIXème siècle, déclara un jour : « Quoi que les poètes en disent, le cœur n'est qu'une pompe ». Comme toute pompe, le cœur peut tomber en panne et doit être réparé. C'est là que le CARMAT d'Alain Carpentier entre en jeu, en remplaçant les ventricules du cœur, c'est-à-dire les cavités qui reçoivent le sang et l'envoient vers les poumons pour pomper ensuite le sang oxygéné dans la circulation. Les ventricules du CARMAT sont faits dans un matériau synthétique et séparés par une membrane de tissu bovin stérile traité chimiquement pour éviter les caillots sanguins. Quant au pompage du sang, il est réalisé par deux moteurs électriques miniatures reliés à des pompes hydrauliques, qui contractent les membranes dans chaque ventricule et font ainsi transiter le sang dans le corps. Le fluide hydraulique est régulièrement injecté puis évacué des cavités du cœur artificiel, faisant ainsi entrer puis sortir le sang. L'ensemble du dispositif est alimenté par des batteries portables au lithium-ion.
Malgré son à esprit cartésien, Alain Carpentier ne voue pas moins depuis toutes ces années une véritable passion pour ce cœur humain que sa technologie permet d'imiter : « Tout le monde sait que le cœur répond aux émotions. C'est en cela l'un de nos organes les plus précieux », estime-t-il.
Une avancée considérable
L'espoir de voir CARMAT révolutionner le marché des prothèses cardiaques est considérable. Conçu pour durer au moins cinq ans - une période durant laquelle le cœur humain bat 230 millions de fois - le CARMAT pourrait faire passer les cœurs artificiels du stade de dispositifs « temporaires » à celui d'appareils pouvant remplacer un cœur humain de manière pérenne. De plus, la capacité de l'appareil à s'autoréguler permet au patient de pratiquer davantage d'exercice qu'avec un implant traditionnel. Ces deux avantages pourraient permettre au cœur CARMAT d'être largement adopté, ce dont les investisseurs semblent déjà convaincus. CARMAT a effectué son introduction en bourse au NYSE Euronext en 2010. Au 21 avril 2016, la capitalisation de l'entreprise dépassait les 100 millions d'euros.
Ressources additionnelles
En savoir plus sur l'inventeur
Accéder aux brevets : EP1867351B1, EP1867350B1, EP1855005B1
Du high-tech au bloc opératoire : le futur de la médecine est bâti sur les technologies brevetées
Les innovations médicales comme le cœur artificiel d'Alain Carpentier peuvent changer la vie de millions de personnes à travers le monde. Alain Carpentier rejoint ainsi une équipe de cardiologues néerlandais nominée au Prix de l'inventeur européen en 2007, qui a inventé un pacemaker dynamique. Il fait partie de ces nombreux spécialistes médicaux dont les inventions ont changé nos vies en profondeur. En savoir plus sur les technologies médicales brevetées
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