Invention : Stockage de l'ammoniac éliminant les NOx
Une équipe de chercheurs danois a mis au point une méthode de stockage de l'ammoniac en phase solide, par liaison avec un sel métallique compact. En plus de produire de l'hydrogène en toute sécurité pour les piles à combustibles et les voitures de l'avenir, cette molécule gazeuse riche en énergie s'intégrera dans des systèmes éliminant jusqu'à 99% des oxydes de mono-azote émis par les moteurs diesel.
L'ammoniac
est un Terminator capable du meilleur comme du pire. Libéré au compte-gouttes
dans le système d'échappement d'un moteur diesel, il transforme les oxydes de
mono-azote polluants (le NO et le NO2, couramment regroupés sous la
formule NOx) en vapeur d'eau et en azote inoffensif. En raison toutefois
de sa causticité et de sa toxicité, son stockage sous forme gazeuse, liquide,
ou solide à très basse température, prend beaucoup de place ou revient cher.
Le Graal du stockage compact et peu coûteux restait insaisissable jusqu'à ce que des scientifiques danois sous l'égide de Johannessen et Quaade, ayant constaté que certains sels métalliques tels que le chlorure de strontium absorbaient l'ammoniac à l'instar d'une éponge, abordent le problème sous un angle inédit. Grâce à leur nouveau procédé, un cube de chlorure de strontium ne pesant pas plus de 100 grammes peut tenir dans le creux de la main et renfermer jusqu'à 50 grammes d'ammoniac en phase solide, soit l'équivalent de 60 litres d'ammoniac gazeux.
Impact sociétal
Johannessen, Quaade et leurs collègues parmi lesquels Claus Hviid Christensen, Jens Kehlet Nørskov et Rasmus Zink Sørensen, ont déclaré la guerre à la pollution de l'air. Leur dispositif de stockage en phase solide commercialisé sous la marque AdAmmine se prête à plusieurs applications, servant par exemple à emmagasiner de l'hydrogène pouvant faire office de carburant dans un moteur à combustion interne ou une pile à combustible électrique. Pour l'instant, il est le plus souvent mis en œuvre dans le but de neutraliser les NOx relâchés dans l'atmosphère par les moteurs diesel, et avec un taux de neutralisation pouvant atteindre 99%, il éclipse les technologies concurrentes.
L'invention de l'équipe danoise change la donne, car les absorbeurs-neutralisateurs actuels à base d'urée ne nettoient les gaz d'échappement qu'à partir de 200°C : pas de problème sur les longs trajets, les moteurs ayant alors le temps de chauffer, mais pour les déplacements en ville, la température voulue est rarement atteinte. La nouvelle technologie commence à neutraliser les NOx dans un laps de temps cinq fois moindre, et si elle devient la norme industrielle de purification des gaz d'échappement, l'air de nos villes et de nos banlieues verra sa salubrité monter d'un cran.
Impact économique
Il est malaisé de mettre un chiffre sur l'avantage financier qu'il y a à dépolluer l'air que nous respirons. En France, une commission d'enquête sénatoriale a estimé à environ 100 milliards d'euros par an le coût national - notamment sanitaire - de la pollution atmosphérique toutes origines confondues. En s'attaquant au smog causé par les moteurs diesel, les technologies de type AdAmmine feraient singulièrement baisser la facture de la pollution, vu que 44% des NOx rejetés le sont par les moyens de transport.
AdAmmine n'a pas tardé à faire des vagues sur le marché automobile puisque la société Amminex en est déjà à sa quatrième opération de financement. Avec ses 5,1 millions d'euros de capitaux propres et quelque 4,3 millions d'euros de revenus annuels réinvestis, la société danoise n'enregistre pas encore de bénéfice comptable, mais ce n'est pas l'ambition qui lui manque. Elle entend offrir une alternative aux systèmes AdBlue de dépollution des moteurs diesel, dont le nombre devrait tripler en Europe d'ici 2025.