Ils mettent au point les médicaments, les technologies vertes et les prodiges numériques de l'avenir. Ils emploient une armée de plusieurs centaines de milliers de scientifiques, lesquels transposent souvent les fonds de plusieurs milliards consacrés à la recherche en de précieux brevets et en de véritables produits à succès.
Cela ne fait pas l'ombre d'un doute : les universités publiques, les établissements d'enseignement supérieurs et les instituts de recherche privés d'Europe occupent une position internationale de tout premier plan en matière d'innovation. Au cours de la seule année 2018, 510 établissements d'enseignement supérieur ont ainsi soumis plus de 2 500 demandes de brevets à l'Office européen des brevets (OEB).
Des lauréats et des finalistes du Prix de l'inventeur européen comptent également au nombre des principales avancées réalisées par les instituts de recherche européens. En voici une sélection :
Le bioplastique Arboform a permis aux chercheurs Jürgen Pfitzer et
Helmut Nägele, de la Fraunhofer Gesellschaft, de prendre un départ de rêve sur le
marché. Entre 2005 et 2009, Tecnaro, la start-up fondée dans le sud de
l'Allemagne par les deux inventeurs est, en effet, parvenue à quintupler son
chiffre d'affaires grâce à ce matériau entièrement biodégradable.
Tradition oblige. L'Université de Cambridge comptait déjà de grands esprits
tels que Francis Bacon, Isaac Newton et Stephen Hawking au nombre de ses
diplômés. Avec un budget annuel de 4,3 milliards de livres sterling
(2011), l'Université de Cambridge est la plus fortement dotée des universités
européennes ; elle consacre chaque année un total de 650 millions de
livres sterling à la recherche.
Lors de la première cérémonie de remise du Prix de l'inventeur européen, en 2006, l'une des inventions brevetées nominées dans la catégorie Instituts de recherche venait déjà de Cambridge : les écrans ultraplats conçus sur la base de diodes électroluminescentes organiques polymères (Polymer Organic Light Emitting Diodes, P-OLED) des inventeurs Richard Friend, Jeremy Burroughes et Donal Bradley marquaient l'avènement d'une nouvelle génération sur le marché de l'électronique grand public.
Nominé pour le Prix de l'inventeur européen de l'année 2009, John Daugman, professeur à Cambridge, a, lui aussi, su garder un œil attentif sur le succès commercial : son système breveté de reconnaissance de l'iris utilise la pigmentation et la structure des yeux d'une personne comme caractéristiques de reconnaissance numérique. Dans les aéroports du monde entier, des millions de voyageurs utilisent déjà la reconnaissance de l'iris en lieu et place de leur passeport.
Depuis sa fondation en 1949, l'institut allemand Fraunhofer Gesellschaft est devenu l'une des principales stars des instituts de recherche européens : dotés d'un budget annuel de 1,65 milliards d'euros, plus de 60 instituts opérant dans différentes disciplines scientifiques emploient actuellement près de 20 000 chercheurs travaillant à plein régime afin de mettre au point des inventions pour le compte d'entreprises industrielles et d'organismes publics.
Distingué en 2009 pour l'œuvre de sa vie en tant que l'un des pionniers de l'énergie solaire en Europe, Adolf Goetzberger compte notamment au nombre des lauréats du Prix de l'inventeur européen. En 1981, Goetzberger a fondé l'Institut Fraunhofer des systèmes énergétiques solaires (ISE), à Fribourg ; ses inventions brevetées ont ouvert la voie à la marche triomphale du photovoltaïque.
Le chercheur de la Fraunhofer Gesellschaft Karlheinz Brandenburg a, quant à lui, révolutionné l'industrie de la musique avec l'invention du format de fichier audio MP3, qui constitue aujourd'hui la norme pour des milliards d'ordinateurs et d'appareils mobiles.
Jürgen Pfitzer et Helmut Nägele de l'Institut Fraunhofer pour la technologie chimique (ICT) remportent, quant à eux, d'immenses succès commerciaux avec leur « bois liquide », un bioplastique portant le nom commercial d'Arboform. Les deux chercheurs ont pour cela reçu le Prix de l'inventeur européen en 2010 dans la catégorie des Instituts de recherche.
Rares sont les instituts de recherche européens à être plus à la pointe de
la recherche internationale que la Max-Planck-Gesellschaft zur Förderung der
Wissenschaften : en 2006, la société, dont le siège est implanté à Munich,
était, selon Time Magazine, la
troisième institution du monde en termes d'excellence dans la recherche
technologique, directement derrière AT&T et l'Argonne National Laboratory.
Les chercheurs de Max Planck rendent même possible ce qui est
impossible : ainsi, alors que le seuil limite de résolution maximale des
microscopes était, depuis des centaines d'années, réputé être de
200 nanomètres, le physicien allemand Stefan
Hell, de l'Institut Max Planck de chimie biophysique de Göttingen, est, pour la
première fois, parvenu à le franchir.
L'invention brevetée de Hell, la microscopie reposant sur la déplétion par
émission stimulée (Stimulated Emission
Depletion, STED), était nominée pour le Prix de
l'inventeur européen de l'année 2008 et a notamment reçu le Prix allemand de
l'avenir (Deutscher Zukunftspreis).
Constituant l'un des principaux instituts de recherche publics en Europe,
le CNRS, dont le siège est à Paris, a été fondé en 1939 ; il emploie près
de 26 000 personnes et dispose d'un budget de recherche annuel de 2,2
milliards d'euros.
Outre les nombreux prix Nobel de médecine, de chimie et de physique qu'il s'est vu décerné, le CNRS a également remporté le Prix de l'inventeur européen dans la catégorie Recherche en 2012 : l'équipe de Gilles Gosselin a mis au point un médicament révolutionnaire contre l'hépatite B.
Cette maladie résistant à de nombreux médicaments affecte plus de 350 millions de personnes de par le monde. Protégée par un brevet européen, cette invention est considérée comme l'un des remèdes les plus efficaces à être proposé sur un marché dont le volume est estimé à près de 1 milliard de dollars.
Fondée en 1425, à Louvain, en Flandres, cet établissement d'enseignement
supérieur est la plus ancienne université catholique du monde. Louvain mise
néanmoins sur la haute technologie plutôt que sur la tradition, et ne cesse d'enregistrer
des avancées révolutionnaires dans le domaine de la médecine. En 2012, les
scientifiques de cette université belge ont soumis 32 demandes de
brevet auprès de l'OEB.
En 2008, Erik De Clercq s'est vu remettre le Prix dans la catégorie Œuvre d'une vie : ses nouveaux médicaments ont, pour la première fois, permis de mettre au point un traitement efficace des infections telles que le VIH et l'hépatite B.
L'ingénieur Yves Jongen, de l'Université catholique francophone de Louvain, laquelle fait, depuis 1968, office d'établissement d'enseignement supérieur belge autonome, compte au nombre des finalistes en lice pour le Prix de l'inventeur européen de cette année. Le « cyclotron » rentable et efficace mis au point par Jongen pour le traitement du cancer par faisceaux de protons a déjà été utilisé dans le cadre du traitement de 21 000 patients.