Laura van't Veer
Diagnostic génétique et pronostic du cancer du sein
Lauréats du Prix de l'inventeur européen 2015
Le test génétique, mis au point par l'équipe en 2007, évalue le risque de récidive de cancer à 10 ans présenté par le tissu tumoral. Ce nouveau test change totalement les perspectives des prestataires de soins, en identifiant les patientes à haut risque qui ont réellement besoin d'une chimiothérapie et les patientes à faible risque pouvant s'épargner les effets secondaires parfois ravageurs de traitements chimiques toxiques.
Laura van ‘t Veer et son équipe ont mis au point ce test révolutionnaire en étudiant de manière approfondie les propriétés génétiques d'échantillons de tumeurs cancéreuses du sein, conservés dans une banque de tissus au NKI. Ce travail leur a permis d'identifier une « signature » génétique spécifique, constituée de 70 gènes et déterminant si le profil génétique d'un individu présente un fort ou un faible risque de développer un cancer secondaire.
Impact social
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'en 2011, près de 450 000 femmes sont mortes d'un cancer du sein. Il reste la forme de cancer la plus répandue chez les femmes à ce jour. Bien que les taux de survie se soient fortement améliorés ces dix dernières années – actuellement plus de 80 % en Amérique du Nord, en Suède et au Japon – le traitement de la maladie peut avoir de lourdes conséquences pour les patientes, en particulier à cause des effets secondaires de la chimiothérapie.
Grâce à cette invention, les patientes présentant un faible risque de récidive de tumeur peuvent renoncer à la chimiothérapie sans pour autant s'exposer à la maladie. Ce test est extrêmement avantageux, dans la mesure où la chimiothérapie est non seulement coûteuse mais aussi potentiellement difficile pour les patientes, étant donné qu'elle affaiblit leur système immunitaire et peut entraîner des lésions du foie ou des défaillances de certains organes.
Impact économique
Commercialisé sous l'appellation MammaPrint par la start-up de van ‘t Veer, Agendia NV, le test basé sur une puce à microréseau développé par l'équipe a d'ores et déjà été utilisé par plus de 40 000 patientes atteintes d'un cancer du sein à un stade précoce, dans 34 pays. Lorsque les patientes passent le test, les prestataires de soins prélèvent un petit échantillon de tissu au niveau du sein et l'envoient à Agendia pour analyse. La plupart des compagnies d'assurance santé couvrent les frais.
Basée à Amsterdam et à Irvine, Californie, la société Agendia fait actuellement partie des 14 premières sociétés de diagnostic moléculaire en termes de revenus, avec un chiffre d'affaires de 9,8 millions d'euros (12 millions de dollars) en 2012. Considérée comme une technologie d'avenir clé dans le segment de la médecine personnalisée, l'analyse génomique a atteint un résultat de 3,58 milliards d'euros (4,4 milliards de dollars) en 2011. D'ici 2016, on estime qu'elle devrait générer 4,3 milliards d'euros (5,2 milliards de dollars).
Mode d’action
Le test MammaPrint est effectué sur des échantillons de tissu tumoral mesurant environ 3 x 3 millimètres, grâce à la technologie de puce à microréseau. Un microréseau est une petite plaque rectangulaire recouverte de minuscules gouttes d'ADN organisées en matrice.
Chaque goutte d'ADN correspond au code d'un gène précis. Le test MammaPrint mesure l'activité de 70 gènes spécifiques au cancer six fois au total, afin de fournir des résultats fiables.
Il surveille l'activité des gènes spécifiques au cancer en contrôlant les niveaux de molécules d'ARNm, également connu sous le nom d'« ARN messager ». D'après les niveaux des 70 gènes spécifiques au cancer, le test détermine le risque de métastase chez la patiente (propagation d'un cancer du site initial vers un autre endroit du corps).
Inventeur
Lorsqu'elle était encore jeune chercheuse au Netherlands Cancer Institute (NKI), Laura van ‘t Veer a étudié les caractéristiques génétiques des tumeurs cancéreuses du sein, en collaboration avec René Bernards. En 2003, après leur découverte, les deux partenaires de recherche ont fondé Agendia dans le but de préserver et de développer le catalogue de marqueurs génétiques nécessaire pour le test MammaPrint.
En plus de 25 ans de carrière dans le domaine de l'oncologie moléculaire, Laura van ‘t Veer a publié plus de 230 articles dans des revues scientifiques examinées par des pairs. Elle est actuellement à la tête du laboratoire de diagnostic ADN du Netherlands Cancer Institute. Elle est professeur au Département de médecine de laboratoire de l'Université de Californie, à San Francisco, où elle vit.
Pour ses résultats de recherche sur le cancer du sein, Laura van ‘t Veer a reçu plusieurs prix dont le prix Van der Scheuren, l'ESMO Lifetime achievement Award, la subvention Breast Cancer Research Fund Grant et le second prix féminin de l'innovation attribué en 2014 par l'UE.
Le saviez-vous ?
Cette invention apporte la preuve scientifique définitive de l'hypothèse de la « semence et du sol », qui avait déjà été formulée par le chirurgien anglais Stephen Paget en 1889. Le Dr Paget supposait que la métastase, c'est-à-dire l'apparition de cancers secondaires dans tout le corps, ne survient pas de façon aléatoire mais en fonction d'une prédisposition individuelle du patient : « Lorsqu'une plante monte en graine, ses graines se répandent dans toutes les directions mais elles ne peuvent vivre et se développer que si elles retombent sur un sol favorable. »
Presque 120 ans plus tard, après de nombreuses avancées majeures dans le domaine de la génétique, Laura van ‘t Veer et son équipe ont identifié le « sol favorable » du cancer du sein comme un ensemble spécifique de marqueurs génétiques, que couvre leur test à microréseau.
Inventors revisited
En 2020, l'OEB a repris contact avec d'anciens finalistes et lauréats pour connaître leurs points de vue sur les tendances de l'innovation et de la propriété intellectuelle : un regard unique sur la recherche et les inventions nouvelles à la pointe de la technologie.
Vaincre le cancer avec un test génétique
Les patientes auxquelles on diagnostique un cancer du sein se posent souvent d'emblée deux questions vitales : la nécessité d'une chimiothérapie et le risque de récidive. Biologiste moléculaire, Laura van 't Veer y répond grâce à son test génétique de ce cancer, qui donne un diagnostic précis, permettant aux professionnels de santé de proposer de meilleurs traitements et d'éviter à certaines patientes de subir inutilement les effets néfastes d'une chimiothérapie.
Talk innovation
Inventrice, chercheuse, professeure et femme d'affaires, Laura van 't Veer a de multiples casquettes. Dans ces podcasts, elle exprime son point de vue sur le maintien d'un équilibre dans la recherche, la gestion d'une entreprise et l'accompagnement de jeunes scientifiques.
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