Shigeo Nakanishi, Iwao Yamanaka
Prograf, médicament immunosuppresseur
Au cœur de la veine
Un système immunitaire très résistant constitue généralement un élément positif. Ce principe ne s'applique cependant pas lorsqu'il s'agit de transplantations d'organes. Dans certains cas, le système immunitaire de l'organisme peut rejeter purement et simplement un organe transplanté, le traitant ainsi comme un intrus et l'agressant tout comme il le ferait avec des bactéries étrangères.
Ce problème crucial constituait le dernier obstacle à des transplantations réussies. Cependant, au cours des trente dernières années, de nombreux produits ont été commercialisés pour répondre à ce problème et pour essentiellement freiner le système immunitaire de l'organisme, et de ce fait la probabilité de rejet d'un organe.
L'utilisation, au début des années 1980, d'un inhibiteur de calcineurine, connu sous l'appellation Cyclosporine, constitua un progrès fondamental dans l'évolution des médicaments immunosuppresseurs. La découverte de ce médicament a permis la transplantation d'un plus grand nombre d'organes différents et l'application de la procédure à un plus grand nombre de personnes.
La cyclosporine marque toutefois sa prépondérance sur le marché des inhibiteurs de calcineurine au cours des années 1990 - grâce à l'inventeur japonais Shigeo Nakanishi et son collègue Iwao Yamanaka.
Amélioration de la vie de milliers de patients dans le monde
Le brevet déposé par Nakanishi et Yamanaka concernait l'injection intraveineuse du médicament Tacrolimus, commercialisé sous l'appellation Prograf (le médicament peut également être utilisé sous forme de capsule). Les deux inventeurs ont développé la solution dans les locaux de Fujisawa Pharmaceutical au Japon.
Ce développement a marqué une avancée décisive dans la mesure où l'injection permet d'assurer la liaison entre une opération de transplantation et la phase décisive qui la suit - à savoir la période volatile au cours de laquelle Prograf ne peut être administré que par perfusion IV ininterrompue. Prograf ne peut être administré aux patients sous la forme de capsules que lors d'une étape ultérieure.
Les antécédents de l'utilisation de Prograf dans le monde sont pour le moins impressionnants. Depuis son homologation effective en 1994 pour une utilisation avec les transplantations hépatiques et les greffes de reins trois ans plus tard, Prograf a été bénéfique à plus de 100 000 personnes réparties dans plus de 70 pays, devenant ainsi rapidement le médicament de référence mondiale pour les transplantations d'organes.
Ceci est dû en grande partie à son taux de tolérance très élevé parmi les patients. Une autre raison de cette utilisation répandue s'explique par ses caractéristiques uniques, dont certaines permettent d'accélérer le processus de guérison d'une plaie, élément particulièrement important lorsqu'il s'agit de traiter les suites d'interventions lourdes (par exemple les transplantations hépatiques). Prograf est actuellement employé dans plus de 80 pour cent des nouvelles greffes de reins et plus de 90 pour cent des transplantations hépatiques réalisées aux Etats-Unis.
Entre-temps, diverses recherches portent également sur de nouvelles utilisations de ce médicament et, en 2006, la Food and Drug Administration (Administration américaine des produits alimentaires et pharmaceutiques) a autorisé l'emploi du Prograf dans les opérations de greffe du cœur.
Succès fulgurant
Il n'est pas surprenant, du fait de l'apparition de ce nouveau produit et de ses diverses possibilités d'application, que Prograf semble désormais prendre véritablement l'ascendant sur la cyclosporine en tant que premier inhibiteur de calcineurine.
Un rapport de 2005 du United Network for Organ Sharing (Réseau Unifié pour le Partage des Organes) désigne Prograf et son rival Néoral (microémulsion de cyclosporine) comme les deux médicaments "permettant de maintenir les régimes immunosuppresseurs," mais indique par ailleurs que l'emploi de la Cyclosporine, au cours des dernières années, s'est considérablement réduit par rapport à celui de Prograf.
En observant toutefois l'invention de Nakanishi et de Yamanaka d'un point de vue strictement humain, son succès s'explique très simplement : à savoir la nécessité absolument fondamentale - et tout aussi cruciale - de réaliser des transplantations avec le meilleur résultat et selon une pratique la plus proche des malades possibles. C'est précisément ce que la découverte de nos inventeurs japonais permet de réaliser.
Mode de fonctionnement
Prograf, en sa qualité d'alternative thérapeutique à la cyclosporine, représente le véritable fer de lance de la thérapie immunosuppressive des patients greffés.
Appelé à l'origine Tacrolimus (parfois désigné par la référence FK-506), Prograf est un inhibiteur de calcineurine qui permet de freiner le système immunitaire du corps humain, l'empêchant ainsi de rejeter un nouvel organe.
Prograf se lie à une immunophilline (protéine intracellulaire). Le complexe se lie ensuite à la calcineurine et inhibe l'activité des phosphatases. Ce faisant, il empêche le mouvement des cellules du stade de dormance à la phase de croissance G1.
Le médicament se présente sous deux formes : à savoir en capsule et sous forme d'injection intraveineuse, méthode développée par Nakanishi et Yamanaka. Le médicament est administré au patient, immédiatement après l'opération de transplantation, au moyen d'une aiguille placée dans la veine. Ce n'est que plus tard, après cette étape cruciale, que le patient peut ingérer le médicament sous forme de capsule.
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