Communiqué de presse | 26.4.2017
Munich, 26 avril 2017 - Chaque jour, des centaines de millions de bouteilles en plastique sont vendues dans le monde, impliquant de lourdes conséquences pour l'environnement. Outre le problème de la gestion des déchets en plastique, ces bouteilles sont constituées de produits chimiques issus de combustibles fossiles. Leur production nécessite aussi d'importantes quantités d'énergie, ce qui leur donne une empreinte carbone considérable. Mais le chimiste néerlandais Gert-Jan Gruter et son équipe de l'entreprise chimique Avantium sont parvenus à développer une alternative écologique à ces matériaux polluants : un bioplastique à base de plantes, appelé « PEF » (polyéthylène furanoate), ne nécessitant aucun élément pétrochimique, intégralement recyclable et capable de réduire de 70 % les émissions de CO2 liées à la production des bouteilles.
Pour cette invention remarquable, Gert-Jan Gruter a été nommé parmi les trois finalistes de la catégorie « Petites et moyennes entreprises » du Prix de l'inventeur européen 2017. Les lauréats de la 12e édition de ce prix décerné chaque année par l'Office européen des brevets (OEB) seront annoncés lors d'une cérémonie à Venise, le 15 juin prochain.
« Gert-Jan Gruter est parvenu à mettre au point une nouvelle méthode permettant de développer les bioplastiques à une échelle commerciale », a déclaré Benoît Battistelli, Président de l’OEB, lors de la présentation des finalistes du Prix de l’inventeur européen 2017. « Son invention est une avancée majeure dans la réduction de l’impact environnemental des plastiques. Elle prouve que nous pouvons répondre à certains de nos plus grands défis grâce à l’innovation. »
Environ 300 millions de tonnes de plastiques sont produites chaque année. Les plastiques sont utilisés dans des domaines et des produits tellement divers qu'il semble difficile d'imaginer le monde sans eux. Ayant longtemps travaillé pour les plus grandes entreprises de l'industrie chimique, Gert-Jan Gruter a consacré de nombreuses années de sa vie à la recherche conventionnelle sur les plastiques à base de pétrole. Parfaitement placé pour constater les dommages environnementaux causés par l'extraction et le raffinage des hydrocarbures, il décida un jour de créer une technologie alternative de production de plastique, susceptible d'être utilisée à grande échelle.
« Pour faire la transition entre les énergies fossiles et les plastiques durables, nous devons absolument nous appuyer sur la biomasse », explique-t-il aujourd’hui. « Mais pour cela, nous avons besoin de nouveaux matériaux. C’est la seule façon de provoquer ce changement. »
Gruter s’est donc concentré sur le quatrième polymère plastique le plus utilisé, le polyéthylène téréphtalate, surtout connu pour les omniprésentes bouteilles en plastique qui portent son acronyme : PET. La possibilité de créer un substitut adéquat au PET a été théorisée dès le début du XXIe siècle, mais personne n’était parvenu à trouver une méthode efficace pour produire en grande quantité de l’acide furane dicarboxylique (FDCA), un intermédiaire chimique indispensable à l’opération. « Lors du siècle dernier, un bon millier de publications et de brevets ont porté sur le FDCA et ses précurseurs », explique ainsi Gruter. « Mais aucun de ces brevets n’ont débouché sur une méthode viable pour produire ce matériau en grandes quantités et à un prix compétitif. »
Pour faire face à ce défi, Gruter et son équipe ont adopté une nouvelle approche et développé un processus catalytique chimique, créant de façon efficace de l’acide furane dicarboxylique (FDCA) à partir de simples sucres d’origine végétale (amidon). Le procédé, que l’entreprise chimique néerlandaise surnomme « YXY » (« icksy »), a permis d’élaborer un tout nouveau biopolymère : le polyéthylène furanoate (PEF).
La flexibilité, la légèreté et la robustesse du PET d'origine fossile ont favorisé l'adoption de ce polymère par l'industrie de l'embouteillage, mais le PEF d'origine végétale offre des avantages encore plus importants. Il fait preuve, par exemple, d'une rigidité supérieure à celle de son équivalent à base de pétrole. Résultat : les bouteilles consomment moins de plastique, ce qui permet de réduire les coûts de production. Une aubaine, tant pour les entreprises que pour les consommateurs.
Le PEF est également plus robuste et plus étanche. Les récipients fabriqués en PEF maintiennent leur contenu au frais plus longtemps, en bloquant le passage de l'oxygène au travers de leur surface de manière dix fois plus efficace que le PET. Quant aux boissons gazeuses, le PEF est capable de conserver une quantité de CO2 cinq fois supérieure. Cette étanchéité gazeuse du PEF est assortie par ailleurs à d'autres gains, tant sur le plan environnemental que productif : fabriquer des bouteilles avec ce polymère demande environ 70 % d'énergie en moins et réduit les émissions de CO2 d'environ un tiers par rapport aux performances du PET.
Fondé en 2000 par un consortium mené par Royal Dutch Shell, Avantium s'est singularisé en matière de R&D grâce à ses services de recherche chimique offerts à ses entreprises partenaires. Cette démarche lui a permis de développer des technologies innovantes, comme le PEF et son procédé YXY, puis de les proposer sous licence pour une production à grande échelle. En mars 2017, Avantium est entré en bourse en levant 103 millions d'euros de capital, ce qui a valorisé l'entreprise à environ 300 millions d'euros.
Comptant aujourd'hui quelque 150 collaborateurs, Avantium est en bonne voie pour faire du PEF une alternative économiquement viable - et largement acceptée - au PET. L'entreprise exploite une usine pilote produisant du PEF depuis 2011. Pour commercialiser sa technologie, elle s'est associée à plusieurs opérateurs industriels majeurs dans l'alimentaire et l'embouteillage, et a créé la joint-venture Synvina avec BASF en 2016 pour produire et vendre le PEF. La JV prévoit de construire un site industriel à Anvers (Belgique), dont la capacité de production atteindra jusqu'à 50 000 tonnes par an. L'objectif est de commercialiser des bouteilles en PEF en 2021 et de s'implanter durablement dans le secteur de l'embouteillage plastique, qui génère un chiffre d'affaires de 32 à 37 milliards d'euros par an.
Après avoir obtenu son doctorat en chimie organométallique à la Vrije Universiteit d’Amsterdam, Gruter débute sa carrière chez DSM Research BV comme chef de groupe responsable de la recherche sur les catalyseurs de polyoléfines. En 2000, il rejoint Avantium en tant que vice-président en charge de la technologie, puis devient directeur de la technologie du groupe (CTO) en 2004, poste qu’il occupe encore aujourd’hui. En 2016, il devient également professeur à temps partiel en « chimie industrielle durable » à l’Université d’Amsterdam.
Gruter est auteur ou co-auteur d’une trentaine d’articles scientifiques et il est inscrit comme inventeur ou co-inventeur de plus de 100 brevets et demandes de brevets, tant en Europe que dans le reste du monde. Actif à la fois dans l’industrie et le secteur public,
Gruter siège dans plusieurs conseils d’administration, conseils consultatifs, groupes de réflexion ou comités programmatiques. Grâce à ses innovations dans le domaine des bioplastiques et à son procédé YXY, Avantium a déjà été distingué de nombreuses fois, recevant, par exemple, le prix European CTO of the Year en 2014, le Prix de l’innovation dans les bioplastiques en 2013 (Innovation in Bioplastics Award), le Prix de l’Entreprise CleanTech européenne de la Décennie 2005-2014 (European Cleantech Company of the Decade) ou ayant été admis plus récemment au Global Clean Tech 100’s Hall of Fame (2017).
Les gains matériels et financiers engendrés par le PEF incitent aujourd'hui les fabricants à développer des produits et usages toujours plus innovants. De grandes entreprises comme Procter & Gamble, Evian ou Canon se sont vues accorder le droit d'utiliser des brevets liés au PEF pour des applications diverses, allant des articles d'hygiène aux matériaux d'emballage, en passant par des gourdes spéciales ou des films plastiques.
Jana Mittermaier
Directrice Communication
Externe
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Rainer Osterwalder
Porte-parole de l'OEB
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