Un contrôle de dérapage des voitures qui sauve des vies : Anton van Zanten finaliste du Prix de l’inventeur européen 2016
- L'ingénieur Anton van Zanten nommé dans la catégorie « Œuvre d'une vie » du Prix de l'Office européen des brevets (OEB)
- Son électrostabilisateur programmé (ESC) prévient la perte de contrôle du véhicule en cas de freinage d'urgence et de dérapage
- Cette invention a permis d'éviter près de 260 000 accidents de la circulation et de sauver environ 8 500 vies rien qu'en Europe
- L'ESC est aujourd'hui obligatoire sur toutes les voitures neuves en Europe
- Benoît Battistelli, Président de l'OEB: «L'invention d'Anton van Zanten a rendu les routes plus sûres et sauvé des milliers de vies à travers le monde.»
Munich, 26 avril 2016 - Lorsqu'un obstacle apparaît soudainement sur la route, l'évitement d'un accident grave peut se jouer à quelques millièmes de seconde. Toutefois, un freinage trop brutal peut faire perdre le contrôle du véhicule et provoquer une sortie de route, avec parfois des conséquences fatales. Le système de sécurité mis au point par l'ingénieur Anton van Zanten (75 ans) - communément appelé électrostabilisateur programmé (ESC) ou correcteur électronique de trajectoire - résout ce problème en adaptant automatiquement la trajectoire du véhicule dans les situations dangereuses, empêchant ainsi les pertes de contrôle et accidents mortels.
Pour cette invention, l'Office européen des brevets (OEB) a nommé Anton van Zanten, ancien ingénieur de Robert Bosch GmbH en Allemagne formé aux États-Unis et aux Pays-Bas, parmi les trois finalistes de la catégorie « Œuvre d'une vie » du Prix de l'inventeur européen 2016. Les lauréats de la 11ème édition de ce prix décerné chaque année par l'OEB seront annoncés lors d'une cérémonie à Lisbonne le 9 juin prochain.
« L'invention d'Anton van Zanten a rendu les routes plus sûres et sauvé des milliers de vies à travers le monde », a déclaré le Président de l'OEB, Benoît Battistelli. « Désormais obligatoire sur tous les véhicules neufs en Europe, ce système illustre parfaitement comment une technologie brevetée peut changer les standards de production manufacturière de toute une industrie », a-t-il ajouté.
Des routes plus sûres pour sauver des vies
Après la ceinture de sécurité, l'ESC d'Anton van Zanten est devenue aujourd'hui la technologie automobile qui sauve le plus de vies sur les routes. Mieux que les ceintures de sécurité et les airbags - qui ne font « que » limiter les traumatismes en cas d'accident - l'électrostabilisateur programmé prévient totalement les accidents, et donc les traumatismes physiques et psychologiques qu'ils engendrent. Largement adoptée dans l'industrie automobile et rendue obligatoire sur tous les véhicules neufs en Europe et aux Etats-Unis, l'invention d'Anton van Zanten a déjà rendu les routes plus sûres. En effet, depuis son lancement en 1995, l'ESC a permis d'éviter près de 260 000 accidents de la circulation et sauvé 8 500 vies en Europe, selon une étude du groupe Robert Bosch GmbH sur les accidents de la route. D'après l'Agence fédérale américaine de la sécurité routière (US National Highways Traffic Safety Administration), l'ESC évite un tiers des accidents potentiellement mortels. Cette performance place l'invention d'Anton van Zanten dans la même catégorie que les alarmes incendie, les détecteurs de fumée et autres « héros » technologiques méconnus qui travaillent discrètement chaque jour à la sécurité de tous.
Un ange gardien équipé de capteurs
Le problème du blocage des roues et de la perte de contrôle du véhicule résultant d'un freinage d'urgence a été un casse-tête pour les ingénieurs automobiles durant des décennies. Jeune chercheur, Anton van Zanten a l'idée que l'effet du blocage peut être contrôlé en ajustant la force de freinage de chaque roue en fonction des données collectées par des capteurs, qui mesureraient la vitesse du véhicule ou encore la trajectoire souhaitée par le conducteur. A la tête d'une équipe de chercheurs du groupe allemand Robert Bosch GmbH, Anton van Zanten franchit un pas décisif en 1987 en développant le système informatique embarqué ESC - connu aussi sous le sigle ESP (Electronic Stability Program). Analysant les données récoltées via des capteurs disséminés dans le véhicule, l'ESC entre en action lorsqu'il détecte une divergence entre la trajectoire voulue par le conducteur (indiquée par la position du volant) et des facteurs dynamiques, tels que l'alignement des roues, l'accélération ou encore l'adhérence au sol. Repérant un danger, le système compense les déséquilibres en freinant sélectivement les quatre roues, permettant ainsi le contrôle de la dynamique latérale du véhicule. Le système agit en un centième de seconde, beaucoup plus vite que ne pourrait le faire un être humain.
Si l'ESC fut testé avec succès dès 1987, les ordinateurs d'alors occupaient pratiquement tout l'intérieur du véhicule. Il fallut attendre le milieu des années 1990 et l'apparition des microprocesseurs pour miniaturiser ses composants. Une autre invention d'Anton van Zanten a aussi contribué au progrès de l'ESC : le dispositif d'évitement des collisions secondaires (SCM), qui freine automatiquement les quatre roues d'un véhicule impliqué dans une collision.
Anton van Zanten : une vie dédiée à la sécurité automobile
Anton van Zanten a commencé à réfléchir à l'avenir de la sécurité routière dès l'époque de son doctorat à l'Université Cornell en 1973. Entré chez Robert Bosch GmbH en 1977, il a travaillé sur le système antiblocage des roues (ABS) qui ouvrit la voie à une première mise en œuvre réussie de l'ESC en 1987. Durant les phases de test, il n'a jamais hésité à piloter lui-même ses voitures-prototypes sur les pistes d'essai verglacées, ayant toujours eu confiance en son invention.
« On ne devient inventeur que si l'on est insatisfait », a-t-il expliqué. « Si l'on est content de tout, on ne ressent pas le besoin de faire quelque chose de nouveau. » Anton Van Zanten a certainement été motivé par ce besoin de créer. Durant ses 40 ans de carrière, il a été à l'origine de quelque 180 brevets - dont 36 directement liées à la sécurité automobile - qui ont eu un impact colossal sur le marché. A la retraite depuis 2003, Anton van Zanten a reçu plusieurs distinctions majeures, dont le Prix d'excellence Henry Ford II d'ingénierie automobile en 1995 et le Prix Ferdinand Porsche en 1999. Actuellement professeur dans plusieurs universités, il travaille aussi comme consultant pour de grands constructeurs automobiles.
Une norme industrielle mondiale
L'invention d'Anton Van Zanten a été commercialisée pour la première fois au sein d'un véhicule de série en 1995, dans les limousines classe S de Mercedes-Benz. Cette invention européenne est devenue depuis une norme industrielle mondiale : plusieurs pays comme les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et Israël ont aussi rendu l'ESC obligatoire. Robert Bosch GmbH - entreprise titulaire du brevet - a déjà fabriqué quelque 150 millions de systèmes ESC, et la technologie a été distinguée par plus de 110 prix d'excellence dans l'industrie. De nouveaux succès sur les marchés sont quasiment assurés : en Europe, 90% des nouvelles voitures et véhicules utilitaires légers sont déjà équipés de l'ESC, tandis que 64% le sont dans le monde. Selon les analystes, le marché de l'ESC devrait atteindre 38,4 milliards d'euros d'ici 2019.
Ressources additionnelles
En savoir plus sur l’inventeur
Accéder aux brevets : EP0883537, EP0339056
Construire la voiture du futur grâce aux technologies brevetées
Le système ESC n’est pas la première invention du secteur automobile à être distinguée par le Prix de l’inventeur européen. En 2008, une équipe d’ingénieurs de chez Audi a remporté le prix dans la catégorie « Industrie » pour avoir ouvert la voie à la production en série de châssis de voitures en aluminium, plus légers et plus sûrs. Une équipe de scientifiques français de Thales Systèmes Aéroportés a aussi été nommée en 2011 pour avoir développé un radar pour régulateur de vitesse intelligent. En savoir plus sur la technologie automobile et les inventions brevetées.
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